L’horreur australienne des centres de rétention pour immigrés

Les centres de rétention pour immigré-e-s d’Australie ont inspiré la plupart des centres équivalents qui existent notamment un peu partout en Europe. L’Australie a beau existé suite à l’invasion d’un continent et du génocide des Aborigènes, le gouvernement de ses actuel-le-s habitant-e-s est résolu à en faire une forteresse. Elle y a donc construit plusieurs centres de rétention où elle enferme toutes sortes de personnes sans visa (enfin, surtout celles qui n’ont pas la bonne couleur de peau, la bonne nationalité, et surtout, le bon porte-feuille). La réglementation y est la plus dure du monde (pas limite légale de durée de détention !) et, peut-être encore plus qu’ailleurs, les centres de rétention ressemblent beaucoup à des prisons… La nostalgie des nombreuses prisons et colonies pénitentiaires installées au 19e siècle, peut-être ?

Toujours est-il qu’Amnesty International vient de faire une découverte étonnante: « le placement en rétention pour des durées indéterminées nuit à la santé mentale des demandeurs d’asile« . Sans déconner ?

Australie : le placement en rétention pour des durées indéterminées nuit à la santé mentale des demandeurs d’asile
Amnesty International – 23 février 2012

La politique australienne qui consiste à placer les demandeurs d’asile en détention pour des durées indéterminées traumatise des innocents et compromet leur santé mentale, a déclaré Amnesty International après avoir visité certains des centres de rétention les plus isolés du pays.

Après une mission d’établissement des faits de 13 jours qui l’a menée dans des centres de rétention de l’Île Christmas, au large de la côte méridionale de l’Australie, et de trois villes de l’île principale, l’organisation a une nouvelle fois constaté que la politique du pays relative à l’asile était entachée d’irrégularités et contraire aux obligations de l’Australie en matière de droits humains.

« Après nous être entretenus avec de nombreux demandeurs d’asile qui ont souffert de troubles mentaux à cause de ce système, nous sommes convaincus que le gouvernement australien doit changer de politique, pour des questions de droit mais aussi simplement de morale », a déclaré Graham Thom, porte-parole des réfugiés au sein d’Amnesty International.

« Dans tous les centres où nous nous sommes rendus, ce qui nous a frappé, c’est le stress provoqué par la détention prolongée et l’incertitude, qui continuent de traumatiser des innocents, contraints de rester là à attendre derrière des barrières. »

Amnesty International a trouvé que certains de ces centres – notamment celui de Northwest Point, sur l’Île Christmas, et le nouveau centre de Wickham Point, situé à Darwin, dans le nord du pays – ressemblaient inutilement et fortement à des prisons. Les bâtiments de haute sécurité de l’Île Christmas, où vivent des centaines d’hommes qui n’ont commis aucun crime, sont particulièrement sinistres.

Dans les centres de l’Île Christmas et de la ville de Curtin, au nord-ouest du pays, la rudesse de l’environnement et l’isolement géographique rendent difficile la fourniture de services et de produits de base, comme les soins médicaux, les moyens de communication et l’accès aux réseaux d’aide.

De nombreux demandeurs d’asile ont indiqué à Amnesty International que la détention prolongée avait des répercussions négatives sur leur état de santé mental malgré les efforts faits pour améliorer les conditions physiques de leur rétention.

« Parmi les hommes que nous avons rencontrés, il y avait une différence flagrante entre ceux qui n’étaient détenus que depuis quelques mois, qui nous parlaient des traumatismes subis dans leur pays d’origine, et ceux qui étaient là depuis parfois jusqu’à trois ans, qui évoquaient le traumatisme de leur détention », a souligné Graham Thom.

L’usage des somnifères reste très répandu dans tous les centres, beaucoup de demandeurs d’asile expliquant qu’ils ne tiennent le coup au quotidien que grâce aux médicaments.

Un homme iranien a ainsi déclaré à Amnesty International : « Quand je suis arrivé dans ce pays, j’étais fort et en bonne santé ; maintenant je suis malade. Je prends des cachets pour dormir, je suis faible. »

Amnesty International appelle le gouvernement australien à fermer immédiatement les centres de rétention isolés et à limiter la détention à 30 jours maximum, en veillant à ce que les démarches locales commencent dès les premières vérifications en matière de santé et de sécurité effectuées.

Le gouvernement doit s’occuper en priorité des personnes détenues depuis longtemps, des familles et des enfants non accompagnés.

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